RESIDENCE
Résonance végétale au cœur des Monts du Lyonnais.
Du 20 au 25 septembre 2021 s’est tenue la résidence de création partagée « Résonance Végétale » construite en partenariat avec la Communauté de communes des Monts du Lyonnais à la Maison du Numérique de Saint-Clément-les-Places avec le couple d’artistes Scenocosme : Grégory Lasserre & Anaïs met den Ancxt et une soixantaine de jeunes des trois établissements scolaires du territoire : une classe de 1ère SAPAT (Service aux personnes et aux territoires) de la MFR de St Laurent de Chamousset, une classe de terminale Maintenance des engins de la MFR de St Martin en Haut et une classe du dispositif ULIS du collège de Ste Foy l’Argentière.
Une partie de l’équipe Filigrane s’est rendue sur place le vendredi 24 pour le temps de restitution de la résidence du vernissage des œuvres créées par les groupes scolaires. Nous vous racontons ici le récit de cette journée.
Avec une arrivée peu après le temps de midi, nous sommes directement prises au jeu de la participation. Anaïs Met Den Ancx nous montre l’œuvre installée par les lycéens le matin même et nous propose de réaliser nous aussi un dessin mettant en perspective cette installation.
Un peu timides au départ, mes légers coups de crayons finissent par devenir plus francs pour installer ma vision de l’œuvre sur papier. C’est admiratifs que nous découvrons les dessins des autres participants, mettant souvent en scène de nombreux détails.
Durant la pause méridienne, nous échangeons avec les artistes, les accompagnateurs scolaires et les jeunes sur les différents temps de création de la semaine. Chacun y va de son anecdote et des moments qui les ont le plus marqués. La couture de mousse sur les structures en carton semble avoir fait l’unanimité.
« C’est bien la première fois que je me sers d’une aiguille à coudre », nous explique un jeune en formation de maintenance des engins à la MFR Saint-Martin-en-Haut, « mais en plus sur de la mousse, c’était pas commun. »
Nous accueillons ensuite un des autres groupes ayant œuvré lors de cette résidence de création partagée, des jeunes en formation de service aux personnes et aux territoires de la MFR Saint-Laurent-de-Chamousset. Le groupe semble heureux de voir la version finale de l’installation.
Scenocosme nous propose ensuite d’enregistrer un « vent commun ». Pour ce faire, il faut travailler dans le plus grand des silences et une minute durant respirer de manière sonore. Malgré quelques pouffements et rires nerveux, nous arrivons à enregistrer du premier coup. Ce vent commun fait partie de l’œuvre, car il est diffusé autour de la création.
Les différents participants s’expriment ensuite sur leur ressenti durant les temps de création. Pour beaucoup, c’est une première et une activité qui les a plongé dans un univers plus poétique. Certains parlent de revenir avec leurs proches afin d’expliquer le travail qu’ils ont menés.
« Je me suis sentie à l’aise durant tout ce projet. Moi qui aime dessiner, faire des choses manuelles, je me suis sentie bien », témoigne une élève de la MFR Saint-Laurent-de-Chamousset.
Nous nous dirigeons ensuite à l’extérieur, où nous échangeons au soleil autour d’un verre de jus, quelques madeleines et grappes de raisin. Après le départ des différents groupes, les artistes s’organisent pour la suite de l’exposition.
L’œuvre sera visible durant deux mois au sein de la Maison du Numérique, ainsi qu’une des œuvres phares de Scenocosme : le Phonofolium , un arbre sonore et interactif.
“ Phonofolium ”
Phonofolium est une œuvre interactive présentant un arbuste qui réagit au moindre contact humain par un langage, un caractère sonore. Sensible à notre énergie électrostatique, cet arbuste réagit à notre toucher et à notre proximité. Ainsi, lorsque les spectateurs le caressent ou l’effleurent, celui-ci se met à chanter.
“ Entre terre et ciel ”
Les élèves ont travaillé avec les artistes pour réaliser l’œuvre centrale “ Entre terre et ciel ”.
Cette installation propose une relation symbolique et apaisante entre l’homme, la nature et le paysage. Le processus de création mis en oeuvre pendant la semaine a interrogé de manière délicate notre relation au monde et aux autres.
Ce micro paysage est constitué de formes cristallines inspirées des solides de Platon. Elles symbolisent le feu, la lumière pour le tétraèdre et l’air pour l’octaèdre. Développées d’un point de vue terrestre, végétal et aérien, elles s’assemblent pour construire un paysage qui respire au rythme des respirations de tous les participants.
La partie suspendue reprend le processus développé par les artistes dans leur œuvre “ Résonances cristallines ” dans laquelle cristaux résonnent selon les rayons du soleil qui les traversent. Ils font écho à l’environnement en interprétant l’énergie du soleil et à ses variations d’intensité. L’installation propose de créer un dialogue et une rencontre sensible entre végétal, animal et minéral dont les formes se répondent, se côtoient, se mélangent, interfèrent.
Tels des métallophones singuliers, les cristaux de “Résonances cristallines” s’éveillent grâce aux résonateurs qu’ils renferment à l’intérieur. Les dispositifs électroniques vibrants et solaires sont autonomes et ont la capacité d’émettre chacun une note vibratoire lorsque la lumière du soleil les éclaire. Les trouées de lumière dans les feuilles éclairent et activent les résonateurs en fonction de la course du soleil et du temps. Ces carillons singuliers sont ponctués de silence au passage des nuages.
Les végétaux, écrit Francis Ponge dans «L’Opinion changée quant aux fleurs», sont des cristaux vivants, s’alimentants, respirants, souffrants, jouissants, mourants ; et qui se reproduisent le plus souvent de la même manière que les animaux (sexuation, accouplement des principes mâle et femelle, fécondation, germination) […]. [Et d’ajouter :] ce qui nous touche dans le végétal, ne serait-ce pas le caractère parfait et abstrait (venu de la proximité avec le cristal) conféré aux qualités du vivant?